
Par une matinée ensoleillée, je décide de faire “un tour aux Ragondins” en Normandie, sur une rivière du bocage, que l’on appelle “La Maire” à côté “d’Ecouche” dans l’ORNE. Rivière sur laquelle j’ai déjà eu de belles prises…
Arrivé sur place, je me rends compte que la rivière sort de son lit sur 2 km au moins.
A tel point, que je suis obligé de contourner certaines rives parce que les prairies sont inondées.
Mais, après réflexion, il n’y a pas de meilleure condition pour aller aux ragondins…
Je m’explique : Quand les cours d’eaux sortent de leur lit, les terriers de ragondins sont inondés.
C’est pour cette raison que je trouve le long de ces rives, des trous verticaux comme des cheminées qui donnent accès aux galeries souterraines des ragondins.
On peut même y apercevoir l’eau qui en remonte, et c’est en cela que cela devient très intéressant, car tous les animaux sont sortis, pris de panique, de peur d’être acculés au fond de leur trou et de mourrir noyés.
Du coup, en arrivant auprès de ces trous immenses, j’aperçois toute une famille au dessus de l’eau, fuyant de tous côtés.
Il y avait deux gros et trois petits ragondins.
Bizarement, ils auraient dû plonger et retourner au trou mais pas aujourd’hui, et pour cause, leur terrier est inhabitable.
Et donc quand je constate cette situation, et décide de les provoquer en les faisant se disperser afin de les flécher un par un.
La troupe se separe, certains se cachent sur des branchettes, qui surplombent la surface de l’eau et d’autres se blotissent sous la rive d’en face.
Ce sont ces derniers qui m’interressent le plus, car je peux les tirer sans perdre mes fleches puisqu’elles se ficheront en pleine terre sous la berge d’en face.
Les tirer sur l’eau serait trop risqué à cause de la profondeur et de la vitesse du cours d’eau.
Je peux donc atteindre le plus gros d’entre eux, d’une couleur plus grise que les autres, caché sous une racine, sous la rive d’en face, à 4 mètres de distance.
La flèche le troue et le cloue pour de bon sous la rive.
J’attends un peu et il rend bientôt son dernier souffle , accroché le long du fût de ma flèche.
Ensuite, je fais quelques mètres ,et je vois un petit se cacher de la même manière sous une racine, à égale distance.
Même scénario, la flèche le cloue aussi et il reste accroché sur le fût.
Alors que le temps se met à changer radicalement , je continue mon aventure un peu plus en aval, et j’aperçois un autre gros ragondin, de couleur noire cette fois, perché sur un grosse branche sur la berge d’en face.
Mais pas de fenêtre de tir idéale, car des branches me cachent quelque peu la vue.
Tant pis, je décide de tirer, mais loupé, je touche la branche qui dévie la trajectoire de ma flèche !
Bien sûr, aussitôt tiré, il plonge, puis je le vois se diriger vers un méandre où se trouvait un banc de sable.
Il se met debout pour me surveiller, mais tel un félin qui approche sa souris, je reussis à m’approcher à une dizaine de mètres, pour tirer une deuxième flèche. Celle-ci le transperce et le cloue dans le sable , mais il se débat, s’extirpe de la flèche et repart à l’eau tout en perdant du sang.
Je mets donc une troisième flèche sur mon arc et le suit, alors qu’il dérive péniblement au gré du courant.
Il s’accroche une dernière fois à une petite branche, et là, la troisieme flèche est la bonne.
Du coup en quelques minutes, j’avais vidé mon carquois qui contenait 5 flèches. Il a donc fallu que je fasse un détour pour passer de l’autre côté afin de récupérer ces trois ragondins et mes 5 flèches.
Il est presque 13h00 et j’ai repêché mes 3 ragondins.
La grisonnante était une femelle de 4,5 kg, le gros sombre était un mâle de 4 kg et le petit 1 kg.
L’après-midi l’eau est redescendue, et je n’ai plus rien vu. Comme quoi, amis chasseurs, je ne saurai trop vous conseiller d’aller chasser le ragondin quand les cours débordent, vous en verrez et flècherez comme jamais vous ne l’auriez pensé.
Pascal ERNULT, Février 2014