Mon intérêt pour la chasse est assez récent puisqu’il date de 2008…
Au gré des enseignements que j’ai reçu, la recherche au sang c’est avérée une évidence : Laisser un animal blessé dans la nature est pour moi inconcevable, de plus, en tant que chasseur à l’arc, je sais la difficulté de flécher un animal.
Ainsi si il a été touché, et sachant que nous devons le laisser aller se remiser en paix, la recherche au sang devient toute naturelle !
Donc, il y a 2 ans, j’ai débuté le parcours du combattant pour devenir conductrice de chien de sang agréée. Agréée signifie que j’ai fait un stage de formation (pour ma part à l’UNUCR : Stage intensif de 3 jours, avec théorie et pratique) et qu’à la fin de l’entrainement de ma chienne j’ai validé nos formations par le passage d’une épreuve spécifique.
Mais avant cette épreuve finale, j’ai :
– D’abord suivi plusieurs conducteurs chevronnés.
– Ensuite acquis ma chienne, une Teckel à poils durs (un petit modèle dans le standard de la race) répondant au doux nom d’Hélice.
– Puis commencé la pose des pistes artificielles…
La 1ère piste a été courte : Une piste de croquettes dans mon jardin… La chienne avait à peine 3 mois, elle a trouvé très sympa de voir des croquettes dehors, et ça n’a duré que quelques secondes !!!
La 2nde et la 3ème piste ont été faite avec une peau de sanglier trainée sur une centaine de mètres, toujours dans le jardin. La première un peu confuse, Hélice sentait bien quelque chose, mais ne savait pas trop ce que je lui demandais, une fois la peau trouvée, et après avoir joué avec, ça a été plus clair dans sa tête de petit chien, et elle a été beaucoup plus vite sur la suivante !
Après quelques tâtonnements sur le choix du type de piste artificielle : sang tamponné (1/4 de litre de sang de sanglier tamponné au sol sur un peu plus d’1 km en fin de formation), ou semelles traceuses (support fixé aux pieds du marcheur contenant des pieds de sangliers, toujours sur la même distance, voir photo). On me conseille les semelles traceuses, et je m’y tiendrai jusqu’au bout !
Mes enfants vous diront que la galère des pistes a commencé ! Il est vrai que par tous les temps, aller marcher dans la forêt avec des semelles qui équivalent à porter des talons hauts, tant l’équilibre est précaire, est une vraie sinécure !!! Pendant que ma fille (qui a été la plus fidèle aide) me suivait avec les semelles aux pieds, je marquais notre chemin avec papier toilette et craie pour que nous sachions où passait notre piste, le tout avec un traceur GPS pour en connaitre la longueur… Les premières fois (jusqu’à 6 mois environ) nous posions le matin et emmenions la chienne en fin d’après-midi. Ensuite nous posions la veille, et Hélice faisait la piste le lendemain (à environ 20h d’écart, comme à l’épreuve) et cela tous les 10 jours en moyenne.
Nous avons rencontré 2 grosses difficultés avec notre Teckel qui ne voulait pas envisager l’idée qu’un chemin peut se traverser, et nous avons fait sur de nombreuses pistes des pas de fourmis sur chaque chemin à franchir afin qu’elle finisse par passer de l’autre côté en ligne droite, et un jour c’est arrivé !!! Dans le même concept, les virages n’étaient pas prévus dans son schéma perso de recherche… Nous avons donc fait de nombreuses pistes avec beaucoup de lacets ! Et idem c’est venu petit à petit !
En septembre dernier (Hélice a 1 an, l’âge minimum pour la présenter, et c’est la dernière session de la saison) nous avons donc tenté une première fois l’épreuve dans l’Oise, mais c’est un échec, nous avons eu 3 rappels pour avoir dévié de la piste, 2 maxi sont autorisés, le 3ème est éliminatoire !
Nous avons été les concurrents qui étions allés le plus loin, mais sans plus de succès que pour les autres. Aucun des candidats présentés ce jour-là n’a réussi !
Nous devions reprendre l’entraînement…
Cet hiver nous avons fait une pose de 3 mois car les conditions climatiques (particulièrement pluvieuses) ont eu raison de notre enthousiasme ! Le marquage au papier toilette et à la craie est totalement biodégradable… Et une simple grosse pluie suffit à tout effacer, alors faire des pistes à l’aveugle ça peut être bien de temps en temps, mais à chaque fois… !
Pour la reprise, Jacques TARAVELLIER, mon mentor dans cette discipline, a eu la gentillesse de poser pour nous plusieurs pistes, que nous avons pu faire à l’aveugle, comme en condition d’examen.
Hélice, lors de cette reprise a eu le déclic ! Elle a quasi fait un sans-faute, et en jouant avec la peau en fin de piste, je pense qu’elle a compris le côté ludique de cette activité, qui au final est toujours récompensée, quand on trouve la peau, par une friandise délectable ! Les pistes suivantes (posées par Jacques TARAVELLIER et Claude-Yvon STEINER) ont été faites par la chienne dans le même esprit, elle était prête à se représenter à l’épreuve !
UN TRES GRAND MERCI à vous deux ainsi qu’à tous ceux qui m’ont apporté leur aide précieuse pour arriver au bout de ce challenge !
Samedi 12 avril 2014 c’est le jour J, nous repassons l’épreuve.
Cette fois c’est en Mayenne que nous allons, levé 4h du matin pour être sur place à 8h30…
Nous passons à notre tour après le déjeuner, en avant-dernier, les 2 autres candidats du matin ayant échoué !!! La pression est à son maximum (en plus j’ai le tract, comme à tous les examens que j’ai passé, l’âge n’a malheureusement pas arrangé les choses !)
L’épreuve démarre, Hélice trouve la piste (elle doit trouver le départ toute seule, dans un angle donné), et elle va plutôt bien. On me reproche de trop parler à la chienne, normal mon stress est immense, et dans ce cas je cause (!!!)
Il faut faire 3 virages et éventuellement trouver 2 reposées, puis la peau, le tout sur 1 ,022 km…
J’évite quelques départs sur des voies chaudes, elle fait 2 virages et je vois une reposée que la chienne a marqué (chouette, à l’entrainement elle les marque rarement !)… Dans mon dos un juge me dit doucement : Pas d’inquiétude la chienne va aller au bout… Merci ! ça apaise un peu ! 3ème virage… Et effectivement après 1h30 de pistage, la chienne trouve la peau sans n’avoir fait aucune faute, nous n’avons pas été rappelées !!!
C’est la libération !!! Une fois les formalités administratives remplies, je vais être conductrice agréée (UNUCR, puisque c’est à cette association que j’ai choisi d’adhérer).
Il aura fallu 2 ans de travail, dont 1 an et demi avec la chienne pour arriver à ce résultat. Oufffff ! Nous y sommes !!!!!
Presque… Car il reste encore une étape cruciale : La transition de l’artificiel au naturel… Etape à ne pas rater pour que la chienne comprenne ce que l’on attend d’elle en définitive.
L’idéal : Une recherche du lendemain pour un sanglier blessé que l’on a toutes les chances de retrouver (vivant ou mort), sur une distance assez longue (qui corresponde à l’entrainement, trop près ne serait pas représentatif de ce qui a été appris).
Ensuite pour la première année, il est souvent conseillé de ne pas rechercher de chevreuil (dont l’odeur est très appétente), voire de faire une saison complète uniquement pour des sangliers afin de confirmer les acquis du chien.
A suivre… !
Caroline BÖHLE, Avril 2014