Comme beaucoup d’archers-chasseurs, toujours à la recherche de territoires, j’ai trouvé à Crouy sur Ourq, une association de chasseurs carabiniers qui (belle initiative méritant d’être applaudie), souhaite avoir des archers comme actionnaires et leur fait un prix (il y a encore quelques places, pour ceux que ça intéresse).
Le territoire, d’environ 500 ha, est vallonné et composé de nombreux bois de plusieurs dizaines d’ha chacun.
Il y a également une zone importante de marais en bordure d’une vaste forêt où les sangliers (très nombreux cette année, parait-il), adorent se vautrer. Pas mal de chevreuils et quelques “grandes pattes”.
Aucun prélèvement pour moi la saison passée et première sortie dimanche dernier.
Pas d’autres archers au milieu de 25 armes à feu, je me sens un peu seul mai l’accueil, mélange de curiosité et d’intérêt, est toujours sympathique. La “liturgie” habituelle, le rond, les consignes strictes, la composition des lignes, etc…et nous voilà partis.
Le chef de ligne me désigne mon poste, en bordure d’un layon pentu d’une vingtaine de mètres de large ; dos à un énorme roncier en pente, je me place à 5 m. à l’écart d’une belle coulée. Coup de trompe de début de traque et, après 2 minutes, la fanfare taïautesque commence.
Ça casse du bois derrière moi mais le roncier est tellement épais que j’entends simplement la cavalcade et je ne fais qu’entrapercevoir deux énormes sangliers qui traversent le layon à 50 mètres en contrebas. Au milieu d’un enchevêtrement de ronces aussi serré, les traqueurs ont du mal à se frayer un chemin, les chiens commencent à fatiguer mais plusieurs coups de feu retentissent au loin.
Brusquement, la traque sortie du roncier entame la partie boisée face à moi, et le président, qui dirige les opérations, vient me voir et me prévient : “Fais gaffe, s’il y a des retours, la coulée en face est très fréquentée.”
Sage conseil. J’entends un traqueur crier : ” retour, retour”, je me mets en position de tir, un peu décalé par rapport à l’axe de la coulée et, au bout de 30 secondes, je vois un beau sanglier venir vers moi en trottinant. J’arme en priant pour que, dès qu’il sort sur le layon et me présente son profil, je puisse le tirer proprement de 3/4 arrière. Visiblement, ma prière est restée sans effet : il sort la hure du roncier et je le vois qui s’apprête à accélérer.
Plus question de tir “académique” de 3/4 arrière mais tout le contraire, 3/4 avant !! Schploq ! La flèche pénètre comme dans du beurre au dessus de l’épaule gauche, sans réaction de la bête. Il traverse le layon sans accélérer mais je vois la giclée de sang sortant de son épaule, il entre dans le roncier fait 5 mètres et culbute en agitant les 4 pattes. C’est fini.
Tellement d’émotions contradictoires à cet instant que j’en oublie de sonner les trois coups et le rigodon, ce que je ferai avec quelques instants de retard.
Fin de la traque, félicitations des postés sur ma ligne et quelques photos ce qui, pour moi qui ne suis qu’un (vieux) chasseur (mais un néo archer-chasseur), restera un vrai grand moment d’émotion.
Tableau final : 4 sangliers sur une trentaine levés.
Arc XCentric d’XPedition Archery parfaitement réglé à 65 livres par Jacques Forcade d’Archeriemania, flèche Black Eagle Renegade350, lames NAP Thunderhead 125gns.
50kg, tiré à 30 mètres, il a fait 35 mètres avant de culbuter.
Jacques Courbin – Octobre 2017