Troisième saison de chasse à l’arc : le plein d’émotions !
C’est un archer heureux qui partage avec vous ces quelques lignes de récit ! Mon 25eme permis de chasse est celui de ma troisième saison à l’arc, au petit gibier en plaine dans un groupe d’amis et au chevreuil dans la petite société de village où j’ai eu la chance d’être intégré par un archer expérimenté qui m’a beaucoup appris.
Tout commence le lundi 15 octobre : enfermé au bureau par un temps splendide, la frustration m’amène à poser une journée de congé pour le lendemain afin de profiter de cette météo clémente. Première activité de ma liste d’occupations : partir avec mon arc dans le bois en espérant voir des animaux, l’approche est une technique qui m’a souri l’année dernière au chevreuil alors pourquoi pas tenter ma chance. Après avoir avancé discrètement pendent une petite heure dans le bois je sens soudain une odeur de sanglier ! Je tends l’oreille et j’entends remuer dans les feuilles à quelques dizaines de mètres. C’est un animal, mais quoi ? Je n’ai jamais vu de sanglier dans ce village mais je sais qu’un groupe a séjourné tout l’été à proximité ; alors pourquoi pas.
C’est alors que commence une approche que je trouve difficile car je ne connais pas bien cet endroit de la forêt qui est très accidenté et chargé en taillis, je sens et j’entends des animaux sans les voir, mais ils sont là tout proche, comment vais-je faire ? La plus grande difficulté c’est ces feuilles sèches qui font trop de bruit à chaque pas que je fais. Alors je décide de ne pas avancer beaucoup, de peur d’être repéré et faire fuir le ou les animaux sans chance d’armer mon arc. Je progresse très lentement en faisant des pauses à chaque arbre qui me sert de cachette, puis décide de ne pas aller plus loin et attendre patiemment qu’un animal se montre. Je finis par apercevoir une queue noire qui se balance : je vais peut-être enfin avoir une occasion de flécher un sanglier..
Puis d’un coup un gros sanglier apparaît, et avance dans ma direction, il est face à moi à une douzaine de mètres. Oh m… je n’avais pas prévu d’en avoir un de face. Avec une arme à feu pas de difficulté, mais là je ne tirerai pas un gibier à l’arc de face. J’ai peur qu’il me voie, qu’il me sente, puis là il se tourne légèrement m’offrant presque une pose de trois quart. Je pense que je n’aurai pas mieux, et ça fait plusieurs secondes que je tiens immobile mon arc armé, avec mon cœur qui bat fort, l’adrénaline est très élevée, le stress aussi et la scène est magnifique. Je tire ma flèche et vois l’empennage fluo dans la masse noire en même temps que j’entends un bruit caractéristique. Il part vite mais s’arrête une dizaine de mètres plus bas et bat des pattes puis s’immobilise. A priori ça sent bon, pas besoin de grimper me réfugier dans un arbre à proximité que j’avais repéré au cas où…
Mais je ne bouge pas, j’applique ce que l’on m’a appris : « tu attends calmement ! Tu iras voir après» et quelques instants après ça bouge encore derrière : des sangliers d’une bonne trentaine de kilos arrivent l’un après l’autre , j’en vois six ou sept mais trop loin et pas de fenêtre de tir. Ils n’ont pas su ce qu’il vient de se passer, pourquoi pas tenter un deuxième ?
Je finis par armer et tenter de flécher un des sangliers qui se présente de profil en contrebas à quinze mètres tout au plus. Je suis accroupi, pas pratique pour tirer mais je dois bien me cacher. Ma flèche lui frôle le dos, elle finira dans le sol alors que je visais bien le défaut de la patte avant. Que s’est-il passé ? Hé bien c’est simple, avec toutes ces émotions je n’ai pas pensé à balancer mon bassin pour garder le dos et les épaules en forme de T. J’ai tiré comme si j’avais été debout et à plat, hors j’étais en surplomb de plusieurs mètres. Ce n’est pas grave, le groupe de quelques sangliers a fui en entendant la flèche se planter au sol, tant mieux pour eux.
Je descends voir l’animal prélevé, c’est une belle bête d’environ 80 kilos, on ne le saura pas précisément mais je suis heureux qu’elle ait eu une mort très rapide. J’ai passé l’heure suivante en sa compagnie en attendant une bague de sanglier et un coup de main pour ramener ma prise à la route pour la charger en voiture, impossible d’imaginer déplacer cet animal là seul.
Heureusement les amis venus me prêter main forte m’ont gentiment aidé pour vider et couper des quartiers plus pratiques à ramener chez moi. On retrouvera l’avant de la flèche cassée à 30cm à l’intérieur de l’animal. La trilame très tranchante a fait un boulot remarquable : elle a cassé l’homoplate, coupé tout sur son passage dans la zone poumons très vascularisée, quelle efficacité !
C’est mon troisième sanglier de ma vie de chasseur, le premier que je prélève à l’arc. Je savoure la chance que j’ai eu et me repasse en boucle les images de l’action. Je m’en souviendrai toujours.
Je souhaite aux chasseurs à l’arc de pouvoir vivre des moments aussi intenses, c’est pour cela que nous choisissons ce mode de chasse particulier et exigeant qui apporte des émotions semblables à celles d’un jeune chasseur réussissant à tuer son premier lièvre ou sa première perdrix. Que la chasse à l’arc nous apporte encore beaucoup de bonheur.
Julien Coquempot – Décembre 2018