14 Janvier 2023 – Foret de Nemours :

Nous sommes en fin de mâtiné, je suis en bout de ligne de neuf archers, placé en coeur de traque, séparé d’environ 30M les un des autres.
Quand une chevrette va pour traverser la ligne à quatre archers de moi, cet archer fait du bruit pour essayer de lui faire marquer un arrêt. L’effet est contraire, elle prend peur et fil droit dans ma direction à toute vitesse.
À environ 15M de moi, elle se tourne pour traverser notre ligne, je bande mon arc, le bruit du mur l’a fait s’arrêter et baisser la tête, je vise l’épaule et décoche.
Ce qui se passe ensuite est le doute et l’incompréhension, je la vois partir comme de rien et je reste focalisé sur la lumière rouge de l’encoche lumineuse de ma flèche plantée dans le sol. Je me dis que je l’ai ratée, je m’en veux d’avoir gâché une si belle occasion, que j’ai dû taper mon arc à poulis quelque part et qu’il faut que je refasse mes réglages…
Viens la fin de la première traque, un traqueur passe à côté de mon arbre, me demande ce que j’ai vu, je lui réponds que j’ai fléché un chevreuil, mais que je l’ai raté en lui montrant ma flèche plantée. Il s’en approche et dit ¨Mais il y a du sang sur ta flèche !” et il commence à suivre la piste.
Je descends de mon arbre, un peu fébrile par la hantise de l’avoir blessée et le temps que je m’approche suffisamment de ma flèche pour voir le sang, j’entends le traqueur sonner la mort.
Je me précipite dans la direction où j’ai entendu la trompe de chasse. Elle aura fait 80M et ce sera couché au premier virage pris. La flèche a traversé de l’arrière haut de la cage thoracique à l’avant bas. Un sentiment d’accomplissement et de joie m’emplit, je lève les bras en l’air, victorieux, “mon premier chevreuil !”
Charles-Ludovic MARTIN